: Info franceinfo Gestion du Covid-19 : la présidente d'une association de victimes dépose plainte contre trois cabinets de conseil pour "corruption" et "recel de favoritisme"
Cette plainte a été déposée vendredi contre McKinsey, Citwell et JLL, trois cabinets qui ont conseillé le gouvernement dans sa gestion de la pandémie de Covid-19.
La présidente d'une association de victimes du Covid-19, Coeur vide 19, Julie Grasset, en son nom propre, a déposé plainte vendredi 1er avril contre les cabinets de conseil McKinsey, JLL France et Citwell, auprès du parquet national financier (PNF), pour "corruption" et "recel de favoritisme". Franceinfo a pu consulter cette plainte, déposée et rédigée par Yassine Bouzrou, l'avocat de la plaignante. Ces trois cabinets de conseil privés ont notamment été mandatés par le ministère de la Santé, durant la crise du Covid-19, pour gérer la logistique de réception, de stockage et d'acheminement des masques et des vaccins contre le Covid-19.
La présidente de l'association a également déposé plainte contre X pour "détournement de fonds publics", "recel de détournement de fonds publics", "favoritisme" et "prise illégale d’intérêts". Ce n’est pas la première fois que Julie Grasset dénonce la gestion de la crise du Covid-19 en France. Elle avait attaqué à plusieurs reprises le gouvernement auprès de la Cour de justice de la République pour sa gestion de la crise sanitaire. En octobre 2020, des perquisitions avaient été menées chez des ministres actuels ou anciens, comme Édouard Philippe, Olivier Véran et Agnès Buzyn. En septembre dernier, l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn avait d'ailleurs été mise en examen pour "mise en danger de la vie d’autrui" par les magistrats de la Cour de justice de la République.
Des cabinets de conseil "incompétents"
Cette polémique sur l’usage des cabinets de conseil privés par l’État, notamment pendant la crise sanitaire, que de nombreux opposants au gouvernement qualifient "d’affaire McKinsey", a débuté à la mi-mars, après le rapport d’une commission d’enquête sénatoriale. Selon ce rapport, les dépenses de conseil des ministères sont passées de 379,1 millions d'euros en 2018, à 893,9 millions d'euros en 2021. "Il est permis de penser que la gestion de la crise sanitaire par des cabinets de conseil incompétents en matière médicale et sanitaire a été particulièrement mauvaise et que cette gestion déléguée a empêché qu’une politique publique efficace soit mise en place pour éviter la propagation du Covid-19", est-il écrit dans la plainte déposée par maître Yassine Bouzrou.
L'avocat de la présidente de l'association écrit que "certains cabinets de conseils ont été favorisés par les choix opérés par le ministère de la Santé" et que "les conditions d’octroi de ces contrats durant la crise sanitaire sont floues et laissent envisager qu’aucune publicité ni mise en concurrence n’a été effectuée". La plainte ajoute qu'"il est indispensable que des investigations soient faites sur les intérêts liant les cabinets de conseil mandatés pour gérer la crise sanitaire et le ministère de la Santé qui leur a confié cette mission". Maître Yassine Bouzrou estime, dans la plainte, qu'une prise illégale d'intérêts "pourrait ainsi être caractérisée si le ministère de la Santé était, du fait des intérêts partagés avec les cabinets de conseil privés, dans l’impossibilité de prendre une décision en toute indépendance et impartialité".
"Des liens" pointés entre cabinets et ministère
Enfin, selon la plainte, "au regard des liens qui semblent exister entre les cabinets de conseil et les fonctionnaires du ministère de la Santé, il est permis de penser que des actes de corruption pourraient avoir été commis par certains membres des cabinets de conseil pour obtenir du ministère de la Santé des marchés et contrats en lien avec la crise sanitaire". Yassine Bouzrou, l’avocat de Julie Grasset, demande l’ouverture d’une information judiciaire "dans les plus brefs délais" et que les investigations soient diligentées par "un magistrat indépendant".
Dimanche 27 mars, le président de la République Emmanuel Macron, interrogé sur la polémique au sujet des contrats passés entre le gouvernement et le cabinet de conseil McKinsey, avait déclaré : "S'il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal."
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